ESAAA Art
deuxième cycle – DNSEP, Master Monstre


Les enseignements de ce deuxième cycle s’appuient sur une professionnalisation à travers une phase projet – qui permet aux étudiant·x·es de développer une approche critique et transdisciplinaire des modes de production, d’apparition et d’exposition de l’art – et l’écriture d’un mémoire envisagé selon une compréhension non académique. C’est l’occasion d’acquérir une forme d’indépendance dans la conduite de projets individuels et / ou collectifs, en se formant au contact de professionnel·x·es de l’art et de s’initier aux pratiques curatoriales.


Master Art / Monstre


Le deuxième cycle option Art à l’ESAAA est un programme en deux ans qui prépare à l’obtention du DNSEP. Il place au cœur des expériences pédagogiques, une approche transversale, critique et active des modes de production, d’apparition et d’exposition de l’art d’aujourd’hui. Alors que ce champ professionnel n’a de cesse de se reconfigurer au contact des études féministes, intersectionnelles, queer et décoloniales, nous assistons à un engagement des artistes, des travailleur·x·ses de l’art et des institutions culturelles, envers une approche davantage politisée, située, incarnée, voire affectée de l’art.

En constante évolution, le Master Art / Monstre valorise l’expérimentation, l’échange et le partage, afin de questionner ensemble de nouvelles pratiques et méthodologies, invitant les étudiant·x·es à s’engager dans des projets de recherche individuels et collectifs dont la visée est autant de rejoindre la scène artistique de demain que d’inventer de nouvelles formes d’autonomie. 


Programme 2024-2025


La formation en Master Art / Monstre comprend plusieurs formats pédagogiques / types d’enseignement :

1. Zones Monstre / Initiation aux pratiques curatoriales

Les Zones « Monstre » sont des zones d’expérimentation. Elles permettent de se préparer aux conditions réelles de sortie d’école pour un·x·e jeune artiste diplômé·x·e. Tout en poursuivant ses propres recherches (et en les adaptant à des contextes aux données particulières, notamment les appels à candidatures, les dispositifs de bourses et de résidence), un·x·e jeune artiste diplômé·x·e est bien souvent amené·x·e à co-créer ou co-gérer un espace d’exposition (artists-run-space / curator-run-space / espace expérimental / atelier partagé). Chaque année, trois ou quatre projets d’exposition et de programmation sont menés simultanément par des groupes d’étudiant·x·es du Master Art / Monstre. Ils permettent de s’exercer à des formes d’organisation collective et de collaboration artistique. Ces zones sont des endroits où l’on pense et expérimente des espaces, des manières de produire et de partager l’art en fonction d’un contexte précis (professionnel, politique, émotionnel, affectif). Il s’agit d’une introduction aux pratiques artistiques et à l’écriture curatoriale, poursuivant un focus sur l’exposition en tant que médium à part entière. 

Programmes 2024 / 2025 :

2. Séances critiques 

Il s’agit de séances régulières transdisciplinaires, destinées aussi bien au Master Art / Monstre qu’au Master Design / Terrain, au cours desquelles les participant·x·es présentent leur travail pour en discuter avec les coordinateur·x·trices et les autres étudiant·x·es. Celles-ci sont ponctuées de rencontres et d’échanges avec des invité·x·es professionnel·x·les engagé·x·es dans une approche de l’art féministe, inclusive et écoresponsable. C’est une initiation au curating à travers le développement d’une approche analytique et réflexive des modalités de diffusion et des principes d’acceptation des pratiques artistiques contemporaines. 

3. Artforum 

Ce module de professionnalisation se concentre sur la rencontre, l’échange et la construction d’un réseau de professionnel·x·les de l’art basé·x·es en France et en Suisse, lors de visites de lieux d’exposition (centres d’art, musées d’art contemporain, fonds régionaux d’art contemporain, artist-run-spaces et ateliers d’artistes). Cela permet ainsi d’avoir un aperçu incarné du monde professionnel de l’art dans son état actuel. 

4. Mémoire 

Le mémoire en Master Art / Monstre est un écrit de recherche au format non académique, initié dès le début de la 4ᵉ année. La recherche est une pratique artistique qui permet d’étudier et de remettre en question son positionnement individuel. Le mémoire est ici envisagé comme le moyen de rendre accessible cette recherche située, incarnée, affectée – ceci, à travers une multitude de formats d’écriture au sein desquels l’expérimentation est valorisée (texte, oralité, vidéo, diary, performance, enquête, poésie, chorégraphie, pratique sonore). Les étudiant·x·es acquièrent ainsi une méthodologie de travail opérante dès la sortie d’école. Un calendrier et un cadre sur mesure accompagne cet exercice : tutorats individuels, workshops d’introduction, temps d’immersion consacrés à l’écriture, résidences, mentorat, ateliers d’auto-édition. 

  • Partenaires 2025 : Association Villa Glovettes (Travée 16, 38250 Villard-de-Lans)

5. Workshops / Collaborations 

  • « Ouvrir, parler, avant traduire : qu’a-t-on à taire ? » – Workshop des étudiant·x·es en 4ᵉ année Art et 5ᵉ année Design avec Shed Publishing
    Au cours de ce workshop les participant·x·es feront l’expérience de la traduction, de l’édition et de la correction comme des processus de création collective, en s’appuyant sur un livre en cours de traduction : A Short History of Transmisogyny de l’historienne Jules Gill-Peterson. Au fil des discussions, des lectures et des visionnages, les étudiant·x·es traverseront le corpus de références déployées par l’autrice telles que Judith Butler, Saidiya Hartman, bell hooks, Arthur Jaffa, etc. Ils, elles, iels aborderont également la question du positionnement et de l’environnement d’écriture ou de traduction et d’édition d’un texte.
  • « You’ll know it ». Workshop proposé par l’artiste Eden Tinto-Collins, qui développe avec les étudiant·x·es du Master Art, un film d’une dizaine de minutes, autour de l’épisode 3 de l’œuvre sonore FLOT. Pendant ce workshop, le groupe sera initié aux différents métiers du cinéma impliqués dans un tournage de cinéma / musique expérimentale, tels que : chef opérateur·x·trice, ingénieur·x·e son, régie, lumière, scénariste, etc. Ils, elles, iels seront invité·x·es à penser leurs créativités individuelles au sein du collectif.
  • « Pirating the family portrait » : Collective Work for Collective Liberation est un workshop proposé par l’artiste Yvelizra, conçu comme un espace d’échange pour aborder les questions de pratiques collectives et solidaires au cœur des communautés LGBTQ+, des pratiques de représentation et de création d’archives autogérées, des questions politiques reliées à l’intime, de militances et alliances possibles même lorsqu’on n’a pas l’impression d’être directement concerné·x·e par ces questions et identités.

6. Cours / Séminaires 

  • Affect Reader
    Ce cours est une initiation à la théorie des affects, à travers la découverte de l’itinérance des sentiments, affects, émotions dans le processus créatif dès le milieu du XXe siècle. Poursuivant une sélection non-exhaustive, personnelle, de références artistiques et cinématographiques, ce module vise à donner une vision transhistorique et transculturelle de la présence de l’affect dans l’art. À ce titre, il se concentre sur les usages, les discours, les recours à l’affect dans la culture visuelle moderne et ultra-contemporaine et convoque les émotions comme vecteurs d’élocutions, voire d’émancipation. Au fil des séances, nous réaliserons un « reader » constitué de références artistiques et bibliographiques reliées aux études féministes, aux études de genre, aux études queer et aux études décoloniales. 
  • Listening to Images
    À partir du concept de «Listening to Images » élaboré par la théoricienne Afro-américaine Tina Campt, les étudiant·x·es s’exerceront à l’édition, au montage, et à la mise en forme des images en mouvement. « Écouter des images » désigne le fait de recalibrer des photographies vernaculaires ; c’est une pratique silencieuse qui nous donne accès à des registres affectifs à travers lesquels les images énoncent des récits alternatifs de leurs sujets. Ces réflexions se basent en grande partie sur une mise en pratique des théories des « black studies ». Pour reprendre Campt : « Écouter des images » affirme que le calme ne doit pas être confondu avec le silence. Écouter une image implique de trouver des possibilités d’inclure et de trouver de la justesse dans des images ratées, inattendues, pauvres, intimes, toutes désignant une multiplicité de chemins. 
  • Justice réparatrice 
    Ce cours propose une exploration interdisciplinaire des intersections entre l’esthétique et la philosophie légale, en utilisant principalement des méthodes d’arpentage et de discussion de groupe. Il vise à créer un espace collaboratif où nous pourrions réenvisager l’art sous le prisme des questions de responsabilité, de justice, de conflit et de réparation. Ce cours aborde simultanément l’art comme un vecteur potentiel de justice sociale et la philosophie légale comme un cadre d’analyse pour comprendre nos relations à l’art. 
  • English, body, movement, improvisation
    Ce cours propose une approche de la pratique de l’anglais à travers l’improvisation en performance, en explorant comment l’inconnu peut devenir une source puissante de créativité au sein du groupe. Par le corps, le mouvement, l’espace, la voix et le texte, nous nous engagerons dans la création instantanée, en utilisant l’anglais comme matériau d’expérimentation. La collaboration sera au cœur de notre pratique, alors que nous explorerons comment l’indétermination nourrit la créativité collective. 

Voyages d’étude et rencontres


Dans le projet du Master MONSTRE, la rencontre, la découverte d’activités, de modes de travail et d’organisation d’artistes occupent une place importante. Pour cela, les étudiant·x·es et les enseignant·x·es se déplacent dans les alentours d’Annecy, dans la région, ailleurs en France, mais aussi à l’international pour rencontrer des artistes, des lieux, des Artist-Run Spaces, des ateliers, etc. dont :


Coordination


Le Master ART MONSTRE à l’ESAAA est coordonné par un duo artiste – curateur·x·trice, au sein d’une équipe pédagogique plus vaste.

Arlène Berceliot Courtin

Arlène Berceliot Courtin est enseignante en théorie de l’art à l’ESAAA – École supérieure d’art Annecy Alpes, chercheuse et curatrice indépendante engagée au sein des réseaux professionnels IKT – International Association of Curators of Contemporary Art et AICA France – Association Internationale des Critiques d’Art. Au croisement des études visuelles, performatives et des travaux féministes, son terrain de recherche et d’expérimentation se focalise sur l’histoire des féminismes en France et leurs importations sous le label culturel de French Feminism aux États-Unis.

Engagée auprès de collectifs de chercheur·x·ses indépendant·x·es, elle apporte une attention particulière à la recherche militante et autonome. Elle interroge les marques du langage, les formes d’affects dans l’art et tente de déconstruire la position d’objectivité inhérente à la recherche. Pour ce faire, elle convoque une approche transdisciplinaire de l’exposition conjuguant des références issues des sciences humaines, de la littérature, du cinéma, de la performance et des arts visuels.

Vir-Andrés Hera

Vir-Andrés Hera est cinéaste, artiste et chercheurx. Le point de départ des œuvres de Vir-Andrés Hera se situe à la convergence de questions relatives à l’immigration, l’exil, l’identité de genre ou l’appartenance culturelle multiple, dont iel s’attache à restituer la diversité. Croisant récits personnels et morceaux d’Histoire, ses œuvres font entendre des mots, des voix et des langues que iel associe à des montages visuels fragmentés et des images énigmatiques, comme un reflet de la pluralité des perspectives et des réalités.


Pour aller plus loin



Autour de l’ESAAA



Photos : Arlène Berceliot Courtin et Vir-Andrés Hera