Conférence avec Christiane Geoffroy / « Les oiseaux qui chantent aident les arbres à pousser »

le mardi – 18h30
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Pendant cette conférence ouverte à tout∙es les étudiant∙es de l’ESAAA, l’artiste Christiane Geoffroy présentera son travail actuel, tout en expliquant les relations avec les scientifiques et la documentation pour aboutir (ou pas), à des pièces. Afin de montrer l’importance du travail d’enquête et du récit face à la complexité, elle parlera du basculement du travail sur les changements climatiques suite aux sécheresses de 2003, et évoquera sa résidence de création dans l’Archipel des Kerguelen (en terres australes subarctiques).


Christiane Geoffroy – biographie et axes de travail


Depuis le début des années ‘90, Christiane Geoffroy travaille sur la transmission du vivant et des savoirs. L’animal est au centre de ses problématiques, car il est un bon indicateur de la complexité de nos sociétés contemporaines. Son travail, très souvent lié à la recherche scientifique, se présente sous des formes multiples et hybrides (expositions, films et livres). Elle a abordé, pendant de nombreuses années, des questions de reproduction, de génétique, de biologie, de clonage et d’éthique. Au début des années 2000, elle a réorienté ses recherches plus spécifiquement autour des changements climatiques.

En 2014, grâce à une résidence de 4 mois dans l’archipel des Kerguelen, en Terres australes et antarctiques françaises, ses interrogations se sont dirigées notamment vers l’écophilosophie et l’anthropologie autour des relations entre humains et non humains. En lien avec cette résidence, elle a réalisé le film Même la lune tangue (2015, 53’) et publié le livre On dirait que j’étais… l’archipel des Kerguelen (éditions Analogues).

Les années suivantes, elle a désiré dépasser les champs de la dénonciation écologique pour tenter de transmettre un récit porteur d’espoir. Climatic Species se décline en film, en installation vidéo (les deux réalisés en 2018 / 2019) et en livre – elle travaille actuellement sur l’édition de Climatic Species, le journal d’un film.

Le procès posthume de Callista est un autre projet que Christiane Geoffroy mène actuellement en collaboration avec deux juristes spécialisés en droit animal et international. Prenant des formes multiples (film, installation vidéo et livre), celui-ci porte une réflexion sur les écocrimes ainsi que les écocides en lien avec les multinationales.


« Les créations de Christiane Geoffroy depuis les années ‘90 centrent leur intérêt sur tout ce qui touche à la vie. Biologie, génétique, éthique, éthologie, astrophysique sont des sujets d’attention et d’expression pour l’artiste. L’œuvre de Christiane Geoffroy recèle des réalisations voyant l’artiste accomplir une mission pas loin de celle du naturaliste, du géologue, de l’éthologue, du climatologue, de l’anthropologue, à ceci près : il s’agit ici d’une poétique. Elle ne se départit jamais d’un objectif double, pédagogique certes, mais aussi créatif. 

Comment dire le réchauffement climatique, l’acidification croissante des océans, la déforestation galopante, l’avancée inexorable de l’anthropisation et ses effets négatifs, et comment le dire plastiquement parlant, au moyen d’images ? Elle tente des réponses et se faisant, elle balise la voie.

En 2014 lors d’un séjour exceptionnel de 4 mois, Christiane Geoffroy vit avec une mission scientifique et militaire, sur l’archipel des Kerguelen dans l’océan Indien, loin de toute terre habitée. À la suite de cette résidence, elle travaille sur les relations humaines et non humaines, à l’ère de l’anthropocène. Depuis, elle questionne les relations du vivant, animal-humain-végétal sur une planète abîmée tout en tentant d’insuffler des esperments* pour les mondes à venir. »

* espérer positivement en vieux français

(Paul Ardenne).


Photos (avec l’aimable autorisation de l’artiste) : 1. Photo de terrain, Kerguelen 2015/ 2. Ange des mers, 2015/ 3. Dérive des continents, 2010/ 4. Virtuose des granges, 1999