Victor Siret


DNSEP Art, 2020 - 2021


« Mon travail se base sur une appropriation de formes de la culture populaire des États-Unis, des année 1950 à aujourd’hui. Centré sur le textile (point de croix, point de canevas, broderie), il associe aussi des travaux vidéos et sonores.

La démarche a un ancrage biographique : mon enfance s’est déroulée dans des lotissements français des années ‘80 et ‘90 et a été marquée par le 11 septembre et la seconde guerre du Golfe.

N’étant jamais allé aux États-Unis, mes représentations ont été influencées par un imaginaire collectif important (cinéma, photographie, films de série B, cartoons, sitcoms…)

La pratique du textile m’a, elle, été transmise par ma grand-mère.

Il s’agit d’une technique de critique par le mimétisme, le discours étant dissimulé dans la réutilisation des codes de représentations : les modèles de vie suburbains sont représentés à travers des pratiques textiles connotées artisanales, domestiques.

L’action de broder, le geste textile, est un acte de digestion: action lente, elle vient stopper le flux ininterrompu des images numériques afin de les retraiter.

Le pixel, l’essence même d’une image numérique, est ici rapproché au point de croix. Plus on s’approche du canevas, moins l’on discerne les formes.

La maison suburbaine, extraite des représentations collectives, devient une carcasse, structure de point de croix applicable à plusieurs scénarios ; les formes, le langage et les codes du flux d’images numériques sont, eux, réinterprétés en pagailles iconographiques de point de canevas figé, où tout temps mort est pourtant interdit ; l’espace de travail se change en purgatoire de coworkers soliloquant leurs états d’âme.

C’est une prégnance de mort qui pèse sur cet ensemble de pièces figées, quasi-désertes, les angoisses urbaines et suburbaines venant craqueler cet imaginaire d’utopie américaine. »