Leïla Ory


DNSEP Art, 2020 - 2021


« Mon travail plastique est pluridisciplinaire et ne se concentre pas sur un seul medium. J’utilise aussi bien la vidéo, la sculpture, les installations et les pièces sonores.

Mes formes se basent majoritairement sur des associations dans l’espace de quelques éléments comme une moto avec une vidéo et une musique, une installation vidéo avec des amarres ou encore une main mécanisée, posée sur une table avec deux dossiers de canapé tenus par des étaies…

Mon sujet prédominant est la relation entre l’objet et le corps. Un objet qui est à la fois une sculpture empreinte au ready-made, ou des objets recréés, et à la fois une invocation au corps en devenant une référence à un état émotionnel. Ces objets sont d’ailleurs, ici, plus précisément entre la machine et le moyen de transport du 20e siècle, dont un des points communs est leur motorisation et un certain attrait au mécanisme.

Les relations que je vais venir créer entre ce même corps et la machine ne vont pas être manichéennes et, malgré des formes épurées, elles vont donner lieu à beaucoup de nuances, que l’on pourra voir plus précisément en passant devant chaque pièce.

Elles vont donner lieu surtout à un récit ambigu et poétique où il reste toujours une part d’incompréhension ou d’étrangeté, malgré la présence d’une histoire identifiable très rapidement.

Il est aussi beaucoup question d’émotion dans ma production, comme la mélancolie, à la fois par mon processus de travail qui est instinctif et qui part toujours d’un espace qui m’est intime et privé, et qui va ensuite évoluer vers une forme narrative qui possède sa propre présence physique. Je pourrais décomposer mon processus de travail en trois étapes, avec tout d’abord une observation d’un moment vécu, d’un sentiment issu d’une histoire personnelle que je vais ensuite transposer à travers des éléments, comme par exemple des objets. Ils vont prendre un rôle narratif en invoquant ce qui a été vécu et vont finir par être de nouveau transposés dans une installation ou une sculpture qui va créer une image.

Cette émotion se traduit aussi par l’attention que je porte à des éléments ou sujets qui se rattachent au vieux ou au désuet, qui va être toujours tendre et jamais dans le jugement.

En lien avec cet attrait à l’émotion j’ai commencé depuis deux ans un travail vidéo qui prend beaucoup au registre du film et du cinéma. Avec un entre-deux entre fiction et documentaire ou l’utilisation de la séduction comme sujet filmé. »