Camille Degeorges Ruffelaere


DNSEP Design, 2022 - 2023


  • Félicitations du jury

« La nuit tombe et dessine depuis le crépuscule les ombres métalliques, végétales. 

Il faut imaginer que l’aube arrive et que nous traversons la Machine comme Antigone traverse le jardin. 

Le jardin, dit-elle, est beau quand il ne pense pas encore aux hommes, quand on sait que ce n’est pas nous qu’il attend. 

Alors on s’y glisse ce soir avec délicatesse et pudeur, les yeux doux et les oreilles douces, c’est ce que j’aimerais. 

C’est l’histoire d’une maison qui brûle, qui bruisse dans mon ventre et sous mes pas ; c’est l’histoire des histoires qui s’entremêlent dans ce lieu, qui s’accumulent ; les histoires comme les objets, les odeurs, les images, les détails et la poussière millénaire.

Peut-être qu’ici le cabinet de curiosités est une émeute et que la voix étrange et magnifique d’un homme-paratonnerre est une cigarette qui se consume ; peut-être que les touches de la machine à écrire sont des balles de mitraillette et que le chant d’un verre en cristal est un corps rempli d’épines d’acacia. Les dinosaures en plastique sont des dinosaures d’encres sur des avant-bras, un schlass jaillit d’une pile d’extincteurs, c’est un indice.

Ça parle de feux, de feux violets ou orange, de feux de révoltes ou de solitudes – de solitudes surtout – ça parle depuis la tendresse et le dégoût, ça parle avec le fil d’un couteau rouillé, d’un couteau à beurre aiguisé, d’un couteau imaginaire trouvé sur le bord de la route. 

En y repensant, c’est un peu comme cette phrase attrapée dans le quotidien des quotidien·ne·s : faire des vœux comme on arrache les pattes des araignées dont on a peur.

La maison a peur parfois et cela fait murmurer les murs. La maison est triste et amoureuse, la maison brille, résonne.

Et les étoiles accompagnent la colère. Même sur un minitel. »


Crédits photos : Romane Truc